Tisser la soie de mer

Le byssus, un tissu légendaire

Nous avons rencontré en Sardaigne la dernière femme à savoir tisser le Byssus, la soie de mer. Le byssus est un fil provenant de coquillages.
Après 15 jours de tournage, nous avons les images d’un magnifique documentaire en gestation pour le moment.

La découverte d’un tissu légendaire, mentionné dans la Bible et que l’on croyait disparu à jamais sera le fil conducteur qui nous mènera dans un voyage autour de la Méditerranée à la recherche des deux symboles les plus forts du judaïsme et du christianisme : l’éphod, le vêtement du grand prêtre dans le Temple de Jérusalem et la sainte Véronique (de Manoppello), une mystérieuse relique montrant le visage du Christ lors de sa résurrection. Car ces deux symboles sont faits de ce tissu dont seul quelques érudits connaissent l’existence véritablement.

Le film se déroule comme une enquête historico religieuse.

Tout commence à Sant Antioco, dans une petite île de la Méditerranée au large de la Sardaigne. Là vit une femme du nom de Chiara qui détient le secret d’un tissu mythique dont parle la Bible : le Byssus, ainsi que d’une couleur mystérieuse aux allures messianiques, le Thekhélet.

Elle tisse comme il y a plus de 2000 ans de façon archaïque comme si le temps s’était figé entre ses doigts. Le tissage fait partie de sa famille depuis des millénaires. Elle apprend dès sa première enfance les diverses techniques de cet artisanat. Sa grand-mère joue ainsi un rôle majeur dans sa formation, c’est elle qui lui transmet l’art de tisser le précieux byssus ou « soie de mer ».

 

Pour récolter la matière première, c’est à dire ce fil qui brille comme l’or dans le soleil (alors que dans l’eau elle ressemble à une algue terne, à l’image de ce qu’on révèle dans ce documentaire) Chiara plonge dans les eaux cristallines de la mer de Sardaigne à 5m de profondeur chaque mois de mai au moment de la pleine lune. Dans son atelier Chiara accueille les visiteurs de passage, qui viennent souvent de très loin pour rencontrer cette femme extraordinaire, dernière dépositaire du « secret de la mer ». Elle est en effet la seule à connaître un art millénaire, la technique de tissage du « fil d’or ». Ainsi certains japonais sont venus récemment la voir, ils lui ont même proposé beaucoup d’argent mais elle a refusé, pour elle s’est un secret qui ne se vend pas.

Mais aujourd’hui, cet art est menacé de disparition car il ne reste plus que cette femme à en perpétuer la tradition. Victime de l’oubli, isolée par le reste de sa communauté qui ne saisit pas l’importance de ce patrimoine vivant, elle cherche à reconstituer ses racines juives. Depuis son enfance elle a vécu dans le non-dit, dans le sentiment d’une « différence » dont il était interdit d’en exprimer les causes. Et pourtant le passé revenait sans cesse lui rappeler l’origine juive de sa famille. Les gestes de son grand père lors de certaines fêtes, des pratiques que la famille avait choisi de garder sans pour autant pouvoir les nommer.